La radiogoniométrie




Un service spécial de la Gestapo est chargé de détecter les radios et de les arrêter. 

Le repérage s’effectue en plusieurs étapes. Des stations de détection locales situées sur tout le territoire ont pour mission de repérer sur un écran toute émission située dans leur région. 

Elles contactent alors des centres de détection placés dans toute l’Europe, à grande distance du point d’émission, qui déterminent chacune l’azimut de l’émission par rapport à leur propre position. 

Trois centres sont nécessaires pour obtenir une triangulation, qui, pour la France, passe par les centres de Brest, Muniche et Berlin. 
L’intersection des trois azimuts forme un triangle d’une vingtaine de kilomètres de côté délimitant la zone d’émission. 

Ce repérage, qui s’effectue en une trentaine de minutes au début du conflit, est réalisé en moins de cinq minutes dans les derniers mois de la guerre. 

Dans un second temps, la détection locale est à nouveau mise à contribution, cette fois à l’aide de voitures gonio équipées de détecteurs sur la longueur d’onde repérée, à l’intérieur du triangle précédemment déterminé. 
La Gestapo accompagne dans d’autres véhicules les voitures gonio qui stationnent dans toutes les grandes villes. Afin d’accélérer la détection locale, les Allemands coupent fréquemment le courant quartier par quartier afin de situer avec plus de précision le lieu d’émission. Il arrive même que des hommes munis de détecteurs de champ parcourent les rues avec un cadre gonio en forme de cintre sous leur vêtement, déterminant ainsi le lieu d’émission à partir de l’intensité de l’onde.



ROLAND CLERY


Les Allemands essayaient de nous détecter avec la radiogoniométrie.
Pour repérer un poste qui émettait ils avaient une voiture avec un récepteur et une antenne pour repérer les ondes. Les Allemands avaient un cadre. Il savait la direction dans laquelle vous étiez. Mais ils ne pouvaient pas savoir si vous étiez à 100 mètres ou plus. Il y avait donc une deuxième voiture qui faisait la même chose et ils nous repéraient avec le plan de la ville. Au point de rencontre, c'est là où on se trouvait. Ils prévenaient la garde pour nous arrêter, mais comme leur renseignement n'était pas suffisamment fiable, à cause de la mauvaise réception due aux toits en zinc, on avait le temps de les repérer.
Ils allaient tout doucement dans leur voiture, afin d'affiner leur angle.




J'avais une équipe de protection. Un gars repérait à droite, un autre à gauche. Dès qu'ils voyaient une voiture, ils me prévenaient en me tapant derrière l'épaule.
Je disais aux Anglais que j'avais été repéré, j'arrêtais d'émettre, je laissais passer la voiture et je changeais de longueur d'ondes.
Au bout de 5/6 minutes, ils repassaient. 



LUCIEN DUVAL



Nous avions pu dresser la liste de ces voitures avec leur immatriculation.
Ces voitures étaient équipées d'un appareil de radiogonométrie qui permettait de relever la direction d'où provenait l'émission. Trois voitures travaillant ensemble, éloignées les unes des autres, permettaient de porter sur une carte trois relèvements qui se recoupent et forment un triangle dans lequel se trouve l'émetteur recherché.
Ainsi repéré, la nasse de resserre petit à petit jusqu'au moment où, en ville, gonio légère à la main, l'ennemi fait du porte à porte.

C'est ainsi qu'à Saint-Marcellin, nous verrons une voiture gonio allemande attendre pendant 10 jours la reprise des émissions.


À Grenoble même, interruption d'émission, les gonios rodaient.