L'arrestation


LUCIEN DUVAL raconte : 


Le 10 Juin, j'attends, au train de 22 h 27, le retour du radio que nous appelions le "Petit Georges" (rapport à sa taille) et son gardien Gaston Watelet. Gaston est seul, mine défaite. Grosse tuile : Georges a été arrêté avec son poste émetteur, par l'adjudant de gendarmerie de Montmélian.

Grosse faute de l'équipe. C'est le gardien qui devait transporter le poste, le pianiste étant plus précieux que le gardien.


Mardi 14 Mars 1944 : Lucien Duval a rendez-vous avec  un agent de liaison Place Maréchal Pétain à Aix les Bains. Mais un individu d'une trentaine d'années s'approche d'eux et dans un excellent français déclare : "Police allemande, suivez-moi".

Il est arrêté et emmené au commissariat de police d'Aix-les-Bains pour y être interrogé.

 Il se retrouve dans une pièce où l'on lui fait enlever sa canadienne et sa veste. 
Fouille complète. Ils se saisissent de son portefeuille contenant 9.800 A.F. (sensiblement 11.000 Francs d'aujourd'hui), de ses papiers établis au nom de Roger Demontés. Rien de très compromettant dans tout cela.

Puis, c'est le premier interrogatoire par ces messieurs : "Nous ne te ferons pas de mal. Dis-nous tout". Il leur dit faire du marché noir et que celui qu'ils ont arrêté avec lui puis relâché devait lui apporter des produits.

Avant de le mettre en cellule, faisant du zèle, de jeunes agents le fouillent à nouveau. Ce qui avait échappé tout à l'heure ne leur échappe pas et ils trouvent l'argent, la liste des quartz et un petit crucifix. Ils lui enlèvent la ceinture, la cravate, son mouchoir. Le tout est posé sur une table. A leur insu, Lucien Duval réussit à reprendre son mouchoir avec la liste des quartz et l'emballage des billets sur lequel figure le nom du destinataire.

Lucien Duval passe quelques jours enfermé et est transféré au siège de la Gestapo. Il y est interrogé à nouveau. Mais parvient, malgré les coups et la pression, à ne rien divulguer. 
Le dimanche 19 Mars, il tente une évasion  et passant par la fenêtre du 6ème étage. 
Il tombe, reçoit une balle de sentinelle en plein visage. 
Il est emmené à l'hôpital de Grenoble.