Les différents messages



Ce sont les Centrales qui fixent les procédures par le biais d’un plan radio, document sous forme de micro-photos ou de feuilles tapées à la machine, parachuté avec l’appareil. 

Ce plan, que l’opérateur doit appliquer strictement, détermine les heures et les jours de vacation, les fréquences, les indicatifs ainsi que les clés de chiffrement pour une durée d’une quinzaine de jours. 

Les rendez-vous pour les quinze jours suivants sont par la suite fixés par la centrale à l’opérateur.

L’émission dure en moyenne trente minutes tandis qu’il ne faut pas plus d’une dizaine de minutes au radio pour mettre en place son appareillage. 

Le nombre d’émissions est variable : parfois deux ou trois émission dans une même journée, parfois aucune pendant plusieurs jours. Les Centrales recommandent par ailleurs de ne pas émettre plusieurs jours de suites à partir d’un même lieu et de laisser passer treize jours avant de reprendre ses activités sur un emplacement déjà utilisé. 

La réception, pour sa part, crée bien moins de difficultés dans la mesure où elle n’est pas repérable. L’opérateur demeure ainsi généralement sur un lieu unique et son plan de travail lui définit plusieurs heures d’écoute quotidiennes.


LUCIEN DUVAL


 Chaque radio avait ses heures de rendez-vous, ses fréquences et ses indicatifs d'appel.

Les heures de trafic ne comportaient pas que des envois de messages. 
Il y avait aussi réception des messages que Londres nous adressait. 
Afin de réduire la durée des liaisons, dans un but sécuritaire, un centre de réception puissant avec un ancien radio de la marine, Joseph Portal, fut mis en place à partir du 8 Septembre.
Le radio se mettait à l'écoute suivant des horaires fixés les jours pairs et prenait les messages envoyés en l'air ( sans contact ) par Londres.



Au fur et à mesure que les semaines passent, l'activité du secteur s'intensifie. 

Les messages chiffrés (des groupes de quatre chiffres) arrivent de plus en plus nombreux de la Centrale de Nice, avec pour certains, la mention "URGENT" ou "TRÈS URGENT". Comme nous aurions aimé connaître la teneur de ces messages.


            Il est arrivé jusqu'à 4.000 groupes, pouvant représenter 8 heures de transmission.

            Je répartissais le travail entre les différentes équipes avec lesquelles des rendez-vous réguliers étaient programmés, lieux, heures, très précis avec battement de 2 à 3 minutes maximum.

            C'était un ballet permanent : Une équipe rentrait et repartait aussitôt avec de nouveaux messages. C'était un casse-tête permanent  car assez souvent une équipe revenait mission non accomplie : liaison non obtenue ou poste tombé en panne. Nous avions un atelier de dépannage. 

C'est ainsi que je notais :
            21 Mars 1943 : Important travail. À 7 heures je suis à la gare. Le poste N° 1 part à Valence, le N° 2à Voiron. Reçois 40 groupes très urgents.

            22 Mars : À 7 heures essai au "Colon". Impossible d'obtenir liaison. Nouvelle tentative à 18 heures. Elle réussit pleinement. Une équipe part à Montmélian à 11 heures. Rentre à 22 heures. 1.100 groupes très urgents ont été passés. Valence rentre sans avoir pu obtenir la liaison. Je dispose actuellement de trois pianistes (radios), 3 émetteurs, 3 gardes. L'équipe sera prochainement renforcée en hommes et émetteurs.

            23 Mars : Nombreux déplacements avec encore quelques échecs de liaison. Poste 2 en panne. Je me sens très fatigué, car je dors peu et cours toute la journée.

            24 Mars : Après-midi 2 télégrammes très urgents. J'assure leur transmission. Pierre vient me voir à minuit.

            Il en était ainsi tous les jours avec plusieurs rendez-vous fixes.

Roland Cléry : 

"On envoyait toutes sortes de messages :
Des ordres de bataille allemands, les horaires de travail des ouvriers dans une usine, …

Par exemple : une usine qui fabriquait du matériel de guerre pour les Allemands devait être bombardée par les Anglais. Or les Français y travaillaient et risquaient d'être tués. Quand cela arrivait, la propagande de Vichy ou Allemande dénonçaient ces "crimes" commis par les Alliés.
Alors on indiquait – on chiffrait- et on transmettait les horaires : "l'usine est fermée de 9 heures du soir à 6 heures du matin". Les Anglais bombardaient à ce moment-là. "